Inhibition du récepteur de l’interleukine-6 au cours du syndrome de Gougerot-Sjögren primaire : essai randomisé multicentrique académique en double aveugle tocilizumab versus placebo (ETAP study) - 22/11/19
et
Investigateurs Associés19
Résumé |
Introduction |
L’IL-6 joue un rôle important dans la physiopathologie du syndrome de Sjögren primaire (SJp), notamment via l’activation des lymphocytes B et la polarisation des lymphocytes T. Nous avons réalisé un essai randomisé en double aveugle Tocilizumab versus placebo (ETAP, Efficacité et Tolérance du RoActemra au cours du syndrome de Sjögren Primitif) chez des patients ayant un SJp.
Patients et méthodes |
Les critères d’inclusion étaient un SJp selon les critères diagnostiques de l’AECG et un ESSDAI (score de complications systémiques)≥5. Les patients ont reçu 6 perfusions mensuelles de tocilizumab (8mg/kg) ou de placebo. Le critère de jugement principal était la réponse au traitement, évaluée à la semaine 24 (S24), sur un critère composite associant :
– la diminution d’au moins 3 points de l’ESSDAI ;
– l’absence d’apparition d’un nouveau domaine d’activité modérée ou sévère de l’ESSDAI ;
– l’absence d’aggravation≥1/10 en évaluation globale du médecin. Le suivi était poursuivi jusqu’à S44.
Les données ont été analysées par méthode bayésienne en intention de traiter.
Résultats |
Au total 110 patients ont été inclus et randomisés : 55 dans le groupe tocilizumab (98 % femmes, âge moyen 50,9 ans [26 ; 76], anti-SSA+ 84,7 %), et 55 dans le groupe placebo (90 % femmes, 54,9 ans [30 ; 80], anti-SSA+ 87,6 %). À l’inclusion, dans le groupe tocilizumab et dans le groupe placebo respectivement, l’ESSDAI moyen était de 11,5 [5 ; 25] et 12,4 [5 ; 39] et l’ESSPRI moyen de 6,4 [2 ; 9] et 6,4 [1 ; 9]. Les proportions de patients répondeurs selon le critère d’évaluation principal à S24 étaient semblables : 54,2 % [41,3 ; 66,7] groupe tocilizumab versus 62,1 % [49,0 ; 74,1] groupe placebo, OR=1,6 [0,3 ; 3,3]. L’ESSDAI moyen à S24 était de 6,6 [4,7 ; 9,0] et de 5,4 [3,7 ; 7,6] dans le groupe tocilizumab et le groupe placebo, respectivement. La différence des variations d’ESSDAI par rapport à l’inclusion était similaire dans les 2 groupes (interaction, 0,9 [−1,3 ; 3,2]). L’ESSPRI moyen à S24 était de 6,0 [5,0 ; 7,0] et de 6,2 [5,2 ; 7,1] dans le groupe tocilizumab et le groupe placebo. La différence des variations d’ESSPRI par rapport à l’inclusion était similaire dans les 2 groupes (0,1 [−0,4 ; 0,7]). Les variations du test de Schirmer à S24 versus j0 étaient similaires dans les deux groupes. La diminution du nombre d’articulations douloureuses et gonflées était plus importante dans le groupe tocilizumab (de 7,4 [6,7 ; 8,1] à 3,6 [3,3 ; 3,9] et de 2,2 [1,8 ; 2,6] à 0,6 [0,5 ; 0,7], respectivement) que dans le groupe placebo (de 7,8 [7,1 ; 8,6] à 4,9 [4,6 ; 5,3] et de 2,4 [2,0 ; 2,8] à 1,3 [1,1 ; 1,5]) (interaction 1,2 [0,2 ; 2,7] et 0,8 [0,3 ; 1,4]). La proportion d’effets indésirables graves était semblable dans les deux groupes.
Conclusion |
Dans cette étude randomisée contrôlée versus placebo, le tocilizumab n’est pas supérieur au placebo sur les principaux symptômes du SJp. Une certaine efficacité a été observée sur les signes articulaires. L’importance de l’effet placebo, également observée avec d’autres biothérapies, souligne les limites des critères actuels d’évaluation utilisés dans le SJp.
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Vol 40 - N° S2
P. A33 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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